On ne le répétera jamais assez : la mesure acoustique est une affaire de moyenne ! De la même manière que la propagation du son est un phénomène statistique.
La mesure « instantanée » ou « à la volée », de surcroît dans l’environnement, n’a quasiment aucun sens.
On peut y voir là une préoccupation très contemporaine : vouloir tout quantifier tourne à l’obsession.
Depuis peu nous assistons à quelques dérives :
L’installation de systèmes de surveillance acoustique dans des endroits non pertinents et sur des durées inadéquates
Les balises de surveillance sont intéressantes sur une durée limitée et ciblée, qui peut aller de plusieurs jours à plusieurs mois, par exemple lorsqu’on a identifié les horaires de fonctionnement d’un chantier et les points les plus impactés.
Les bureaux d’étude acoustique ont l’habitude de « rationaliser » les besoins en la matière (nombre de points, durée retenue et mise en oeuvre des systèmes d’alerte), afin de ne pas se lancer dans des études onéreuses, dont la mise en oeuvre (pour des raisons d’accessibilité) s’avèrerait impossible. Nous voyons depuis peu circuler des cahiers des charges portant sur 10 points de mesure sur une durée de 24 mois, sans aucune précision sur le choix des emplacements.
Identifier les phases les plus actives du chantier (par exemple la démolition) peut être un moyen de rationalisation des études.
L’utilisation d’applications des « smartphones » permettant de visualiser le niveau sonore en temps réèl
Nous rappelons aux utilisateurs de ces applications que le microphone du téléphone est très loin d’avoir de bonnes spécifications, qu’il ne peut en rien être assimilé à un microphone de mesure, que les applications ne réalisent aucune moyenne ni intégration du signal, et enfin, que généralement on n’arrive jamais à savoir si la pondération physiologique est appliquée (Lecture en dB ou dBA)
Les « Villes connectées »
Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur la pertinence et l’avenir de ces systèmes d’information ramenés à l’échelle d’une collectivité. Cela soulève beaucoup d’enthousiasme dès lors qu’il s’agit, par exemple, de réduire notre consommation d’eau potable ou de lumière artificielle.
Ces derniers temps de grandes multinationales ont investi ce domaine et le bruit fait partie de leurs « cibles ».
Nous avons toutefois pu constater qu’à Paris, un organisme d’intérêt public existe depuis longtemps et a su « placer » ces systèmes de surveillance en des endroit stratégiques. Cependant, lire et assimiler leurs rapports (disponibles sur les sites appropriés) nécessite un peu de temps et .. de la patience (de la même manière que la lecture d’un rapport d’étude acoustique).
Quant à exploiter toutes ces informations en vue de lire une information statique (par exemple : dans ma rue « il fait X dB » comme on dirait « il fait 20°C »), cela laisse songeur.
On a beau jeu de prétendre que les « datas » constitueraient l’or noir du 21e siècle, nous persistons à penser que c’est souvent une affaire de croyance..
C’est la raison pour laquelle les études d’impact (aussi en termes de circulation automobile, comme le souligne la polémique actuelle sur les voies sur berge) ne sont pas compatibles avec l’ »instantanéité » et nécessitent des compétences spécifiques.Ville « connectée »